/ / / / / LAURENT DUPONT
Laurent Dupont s’est créé une écriture et un regard photographique très personnels, jouant sur les profondeurs de champs, créant des cadrages graphiques puissants et employant des noirs et blancs intenses et des clair-obscurs en quadrichromie.
Performant en reportage culinaire (La Cornue, La Maison du Chocolat, restaurant La Chassagnette, …), en édition et, en même temps, en photographie de presse (180°C, 12,5°C …), il porte une attention toute particulière à l’humain, à l’atmosphère d’un lieu ou d’un paysage et à la psychologie de ses portraits (Pierre Gagnaire, Michel Troisgros, Alexandre Gauthier, Thibault Bombardier,…).
Ses photographies sont à la fois brutes et sensuelles, révélant des instants fugaces et vrais de la vie en cuisine ou des détails bien précis que peu remarquent. Son livre, Le Prolongement du Geste aux Editions Keribus, salué par la critique et le public, est consacré, dans une vision très novatrice, à l’outil des chefs et aux liens que ceux-ci entretiennent avec ce dernier (46 personnalités réunies, dont Anne-Sophie Pic, Alain Passard, Jean-François Piège, Patrick Roger,…). Il est également l’auteur, aux Editions de l’Épure, de la première monographie du Chef Alexandre Couillon, deux étoiles à Noirmoutier et « cuisinier de l’année Gault & Millau 2017 ».
Quand as-tu commencé la photographie ?
En 1996. Je venais d’avoir mon baccalauréat et cherchais ce que je pouvais faire. Je me souviens avoir découvert, ce même été, l’imposant livre « Work » de Herb Ritts. Je ne connaissais rien à la photographie, n’avais jamais réellement pratiqué. L’œuvre de Ritts a trouvé écho en moi. Une certaine idée de la lumière, une sensualité vraie, une esthétique pure. Je suis rentré à Icart-Photo ensuite.
Quel est ton matériel de prédilection pour la photographie ?
J’ai toujours été fidèle à Canon. Premiers essais au 50 mm, mais ce n’est pas ma focale préférée assurément. Si la technique est importante, elle ne doit pas surpasser le reste.
Qu’est-ce qui t’a décidé à devenir photographe ?
Je ne sais pas si l’on décide de devenir photographe. C’est une déformation de l’œuil au quotidien.
Peux tu décrire ton parcours de photographe ?
J’ai repris l’université après Icart. Quelques années d’histoire de l’art à l’Université Paris IV, une envie de découvrir d’autres choses, d’autres médiums d’expression, d’autres artistes. Je me suis ensuite lancé, à proprement parler, en tant que photographe free-lance.
Qu’est-ce qui t’a conduit au travail que tu mènes aujourd’hui ?
C’est une simple concordance de deux passions, la photo et la cuisine. Mon premier livre s’inscrit totalement dans une volonté d’avoir un regard neuf sur le monde culinaire et le métier de Chef. Il fait aussi référence au travail photographique de Walker Evans sur lequel j’ai fait deux mémoires. Au-delà, j’aime faire ressortir de mes images un univers particulier, voir ce qu’il y a « derrière ».
Les sujets qui t’inspirent ?
Plus que des sujets, ce sont avant tout des rencontres qui m’inspirent. J’aime les personnalités passionnées par leur métier, qu’ils soient cuisiniers, artisans, designers … Mon modeste rôle est d’en faire ressortir la fougue, la précision, l’exigence, parfois les doutes … L’humain, en somme.
Comment décrirais tu ton travail ?
Deux mots reviennent souvent lorsque l’on évoque mon travail : brut et sensuel. Je crois que les deux termes me vont bien.
Pour toi, qu’est-ce qu’une bonne photo ?
Celle qui génère une émotion.
Peux tu nous expliquer la complexité du métier de photographe de nature morte ?
Peut-être les premières années ? Mais c’est un temps nécessaire, de maturation et d’expériences.
Comment prépares tu une prise de vue ?
Il y a en général quelques rencontres et discussions pour cibler plus précisément les attentes du client. Je peux toujours visionner quelques reportages, interviews, la « modernité » a du bon en soi. Mais je crois que j’observe avant tout. Dans le cas d’un reportage dans les cuisines d’un Chef, on peut apprendre beaucoup par les regards, les silences, le langage des gestes, du corps, la manière dont le plat se construit.
Quels auteurs t’inspirent dans ton travail ?
Ritts, toujours… Masao Yamamoto… Peter Lindbergh… Saul Leiter… Hervé Guibert… Walker Evans, évidemment. Et quelques autres…